Le Triomphant, récemment victime d’une collision avec un autre sous-marin, n’est pas prêt de reprendre la mer. Le quotidien Ouest-France révèle jeudi que le dôme protégeant le sonar ne serait pas la seule partie endommagée du sous-marin nucléaire français. Le kiosque -partie supérieure du submersible- et la barre de plongée tribord seraient également touchés. « Il y a des investigations en cours sur les conséquences de cet événement », s’est contenté de répondre lors du point de presse hebdomadaire de la Défense le capitaine de vaisseau Jérôme Erulin, chef du Sirpa Marine. « On est dans une phase d’enquête et d’évaluation. Les conclusions sont une phase ultérieure », a-t-il ajouté sans démentir les informations de Ouest-France.
Selon nos informations, le remplacement du dôme protégeant le sonar, à lui seul, entraînera, de fait, une longue immobilisation du bâtiment. Construit dans des matériaux composites et complexes, il doit être testé longuement afin de vérifier si l’eau qui est à l’intérieur en plongée s’écoule avec fluidité le long de la coque. L’eau, en effet, doit être totalement « lissée » pour ne pas perturber le travail de captation des antennes latérales du sous-marin. Il apparaît désormais évident que le SNLE restera immobilisé pour de nombreux mois.
Le scénario de la collision se précise
Concernant la collision, le scénario se précise également. On sait aujourd’hui que, si le Triomphant sera plus long à remettre en état, c’est en revanche le sous-marin britannique, le HMS Vangard, qui a couru le plus grand risque au moment du choc. Le contact se serait produit entre le nez du Triomphant et la partie latérale du Vangard. Le SNLE français a, ensuite, ripé et glissé sur la coque du britannique avant de s’éloigner. Les missiles nucléaires et le réacteur étant loin de l’avant, ils étaient bien protégés, ce qui n’est pas le cas pour les flancs même si les coques sont étudiées pour résister à de très fortes pressions.
Les marines française et britannique avaient annoncé lundi que Le Triomphant et le HMS Vanguard, étaient « entrés en contact brièvement » début février alors qu’ils naviguaient à grande profondeur dans l’Atlantique nord, sans qu’il n’y ait de blessé à déplorer. La Marine française avait d’abord annoncé le 6 février que le Triomphant avait heurté en plongée un « objet immergé », a priori un conteneur. Interrogé sur le changement de scénario et la lenteur avec laquelle il a été rendu public, le chef du Sirpa mer a précisé jeudi que les Britanniques avaient eu connaissance de l’incident une semaine après les Français. En patrouille, sauf accident majeur, un sous marin ne communique pas, il attend de rentrer à sa base. Le HMS Vangard est arrivé à Falstane, en Ecosse, le 14 février… Et le tabloïd britannique The Sun a sorti l’information le lundi 16.
La dissuasion nucléaire pas menacée
L’immobilisation de ce sous-marin nucléaire remet-elle en cause la capacité pour la France d’assurer la permanence à la mer, une des composantes de la dissuasion nucléaire ? Non, assure le capitaine Erulin. « La capacité d’avoir au moins un bateau à la mer est assurée », selon lui. La France dispose actuellement de trois SNLE -Triomphant inclus- en attendant la livraison fin 2010 du Terrible, quatrième bâtiment de nouvelle génération qui doit compléter l’arsenal nucléaire français.
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